Un nouveau rapport parlementaire, sorti en juillet 2025, pointe du doigt l’urgence à faire face aux problèmes de santé mentale des jeunes. L’écart se creuse entre les besoins grandissant et l’offre de soins. Selon la DGOS (Direction Générale de l’Offre de Soins), 1,6 million d’enfants et d’adolescents souffrent de troubles psychiques (sur 14 millions de mineurs). Il existe non seulement un manque criant de pédopsychiatres, mais aussi une pénurie de médicaments psychotropes.
Etat des lieux de la santé mentale des jeunes en 2025
La santé mentale a été déclarée Grande Cause nationale en 2025. Et pourtant, les mineurs sont les grands oubliés de cette cause nationale.
Qu’est-ce que la « santé mentale » ?
Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), « La santé mentale correspond à un état de bien-être mental qui nous permet de faire face aux sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté. Elle a une valeur en soi et en tant que facteur favorable, et fait partie intégrante de notre bien-être. »
A savoir : 75 % des troubles psychiques se développent avant 25 ans. C’est pourquoi il est important de les prendre en charge très tôt.
Les facteurs pouvant impacter la santé mentale
L’adolescence a de tout temps été une période difficile. C’est une période importante de la vie où les jeunes voient leur corps se transformer, font leurs premières découvertes sexuelles, gagnent en liberté et en autonomie, doivent prendre des décisions importantes pour leur avenir, etc. La santé mentale, de manière générale, est influencée par des facteurs individuels, mais aussi sociaux, culturels, économiques, politiques et environnementaux. Les conditions de vie et les interactions sociales peuvent être des facteurs déterminants de l’état de santé mentale.
Chez les jeunes, la surexposition aux écrans et aux réseaux sociaux peut entraîner des troubles du comportement.
Les facteurs impactant la santé mentale des jeunes, selon eux
Le CESE (Conseil économique, social et environnemental) a mené une enquête participative auprès de 20 jeunes de 12 à 18 ans issus de tous milieux pour déterminer les facteurs influençant le plus la santé mentale des jeunes.
D’après cette participation, les jeunes ont conclu que leur bonne santé générale dépendait de leur santé mentale. Selon eux, leur santé mentale dépend :
- Du système scolaire : ce dernier est considéré comme un lieu d’inégalités, de manque de soutien des adultes et de rythme scolaire soutenu.
- De l’environnement personnel : les jeunes ont beaucoup de pression de la part de leurs parents et sont stressés par le choix de l’orientation professionnelle.
- Des discriminations et du jugement : 1 jeune sur 3 est victime de harcèlement scolaire.
Les principaux troubles psychiques chez les jeunes
Les troubles psychiques les plus fréquents chez les jeunes sont :
- Les troubles anxieux (phobies, TOC – Troubles Obsessionnels Compulsifs, etc.)
- La dépression : d’après une enquête nationale*, 14 % des collégiens et 15 % des lycéens présentent un risque important de dépression.
- Les troubles alimentaires (anorexie mentale, boulimie, etc.)
- Les comportements addictifs (comportements à risque, addictions)
- La schizophrénie, dans une moindre mesure : la maladie se révèle généralement entre 15 et 25 ans, mais elle débute le plus souvent plus tôt, sous une forme atténuée.
Les troubles mentaux chez les jeunes sont en évolution constante et non stabilisés, contrairement à ceux d’un adulte.
En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 13 % environ des enfants et adolescents présentent un trouble psychique. L’épidémie de Covid 19 a eu un impact très négatif sur la santé mentale des jeunes.
Un accès aux soins compliqué pour les jeunes qui souffrent de troubles psychiques
Pénurie de médicaments psychotropes, notamment la Sertraline
Depuis le 1er janvier 2025, la France est confrontée à une pénurie de 14 médicaments psychotropes, dont la Sertraline.
La Sertraline est prescrite pour traiter la dépression, les troubles anxieux, la phobie sociale et les TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs) chez les adolescents.
D’après le point de situation de l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité des Médicaments) du 10 juillet 2025 :
- La situation s’améliore pour la Sertraline 25 mg et 50 mg, comme pour la quétiapine 50 mg LP, mais il existe encore des difficultés dans certains endroits.
- La situation revient à la normale progressivement pour le médicament Téralithe 250 mg (lithium).
- S’agissant de la quétiapine 300 mg LP et 400 mg LP, la situation reste dégradée.
Cette pénurie est d’autant plus grave que le nombre de médecins en santé mentale n’est pas suffisant sur le territoire.
Manque de soignants en pédopsychiatrie
La pédopsychiatrie est en souffrance, déjà depuis de nombreuses années. Les pédopsychiatres sont en sous-effectif. Le nombre de pédopsychiatres a diminué de 34 % entre 2010 et 2022.
Un rapport de la cour des comptes de 2023 pointe une offre de soins inadaptée aux besoins des jeunes.
Sur 1,6 million de jeunes souffrant de troubles psychiques, seuls 850 000 sont pris en charge en pédopsychiatrie par des professionnels spécialisés, d’après un rapport de la Cour des Comptes de 2023.
L’offre de soins est très inégalitaire selon les régions. Ce sont les CMP -IJ (centres médico-psychologiques infanto-juvénile) qui prennent en charge majoritairement les enfants en souffrance. Ils sont submergés par les demandes de soins car ils constituent quasiment la seule porte d’entrée (le nombre de pédopsychiatres exerçant en libéral étant très faible) dans le parcours de soins.
* Enquête nationale (EnCLASS 2022) publié le 9 avril 2024
Pour en savoir plus : Site de santé mentale info
Sources :
- Quels sont les principaux troubles psychiques chez les jeunes ?
- ANSM : point de situation au 10 juillet 2025 sur la pénurie de médicaments psychotropes en France
- Radio France : des jeunes patients fragilisés par la pénurie d'un antidépresseur courant
- USPO : pénurie de 14 médicaments en psychiatrie
- Santé mentale des mineurs : un rapport parlementaire souligne l'urgence d'agir (Article du Monde du 10 juillet 2025)
- Santé mentale : faire attendre un adolescent qui va mal, c'est l'exposer à des risques très importants (Article du Monde du 06 août 2025)
- Rapport de la cour des comptes sur la pédopsychiatrie